vendredi 31 mai 2013

clin d'oeil aux 4e6


à mes chers élèves, voici le texte un peu plus propre, mais c'est pas encore ça...

photo prise à Marseille, le 11 mai 2013


Ainsi s’achève notre compagnonnage, chers élèves de 4e6
Pour vous saluer je voudrai revenir sur ces quelques mois
Car vous n’êtes pas qu’une très bonne classe
Vous êtes aussi des personnes particulières en qui j’ai foi

On n’a omis personne surtout pas Naomi de plume et de langue vives
Les mots, Léa les a souvent trouvés pour  expliquer ou consoler
À coté, pour toi, Anthony glousse « en ton igloo » entonne-t-il
Adrien ne dit rien mais il n’en pense pas moins
Avec Loïc, y a un hic, que dis-je, un hic ! c’est un roc ! c’est un pic !
C’est une péninsule ! Vous vous souviendrez de la tirade du nez de Cyrano
Et de son amour pour Roxane… Nous, nous avons Océane qui,
En racontant le suicide de Javert, nous a fait devenir verts, oui,
Tout comme Titouan, si éloquent, mais pas toujours tout ouïe
Pour le beau texte de Marie sur « All is Vanity »… de la vanité, Lélia,
N’en a pas une once mais des plaisirs éphémères elle les lie à la vie si brève
Comme les symboles dans ces tableaux qui pour elle n’ont plus de secret
Quant à Laurie, elle s’est découvert un don pour la poésie, l’or y a trouvé
Tout comme Thomas (qui l’eût cru ?) applaudi pour son poème arc-en-ciel
Benjamin a tutoyé Hugo et lui a demandé de ne plus écrire de poèmes dans son tombeau
Notre Hugo bien vivant a déclamé courageusement l’une des stances du Cid
Vous êtes jeunes, il est vrai ; mais aux âmes bien nées
La valeur n’attend point le nombre des années. De Corneille vous retiendrez
J’espère quelques vers  (qu’il me pardonne de l’avoir paraphrasé…)
À côté d’Hugo est assis en fin d’année Benjamin, qui force le respect
Et tente de communiquer avec Morgan de lui séparé
Cependant, ce dernier ne se prive pas de parler et de se retourner
On demande aussi souvent à Clément de se taire mais on se souvient de son portrait par objet interposé.
Quelqu’un en revanche ne dit mot et se tient sage, c’est Jérémy,
Qui reste pour moi un mystère…
Anna, qui maîtrise de mieux en mieux le français, emploie des mots très recherchés
Julia et son sourire blond garde toujours un calme olympien
Ce qui n’est pas le cas de Charlotte qui a apporté la boîte joliment décorée
Pour mes mots déplacés en bonbons transformés (chut ! c’est notre secret)
Charlotte, toujours une des premières à vouloir les poèmes réciter…
Marlène a souvent besoin de se faire expliquer et surtout d’être rassurée
Et celle qui conjugue le mieux le verbe clarer au passé simple, c’est bien sûr Clara
Elle éclaira toute l’année de son rire clair la salle 202
De Gwladys, je retiens sa belle calligraphie sur le papier à lettres aux motifs orné
Et son goût pour le siècle de la marquise de Sévigné : vous rappelez-vous les lettres
À sa chère fille envoyées à Grignan ? Vous rappelez-vous aussi Au nom du roi d’Annie Jay ? Les garçons, j’espère que vous me pardonnerez mes petites piques acérées
Les filles dans la classe sont d’un niveau si élevé !– mais c’était pour mieux vous stimuler
Et d’ailleurs Benjamin, tu as fait de tels progrès, je garderai en mémoire ton poème
Ce moment important où tu te retrouves face à toi-même…
J’ai gardé pour la fin celles qui n’ont cessé de se surpasser et de susciter mon admiration
Je veux bien sûr parler de Fiona, d’Elsa et d’Ève, mes  remarquables élèves,
Qui excellent en outre à aider les uns et les autres, à toujours les encourager à s’élever
Jusqu’à tutoyer les nuages…

Merci à tous pour cette très belle presque année, et j’espère que, comme Rimbaud, vous irez loin, bien loin, non comme des bohémiens, mais par la Nature et par le monde, curieux de tout des autres et des mots, heureux surtout…
Mais si un jour vous êtes malheureux, écrivez, écrivez,  fleurs d’encre jamais ne se fanent…


mardi 21 mai 2013

deux faux petits dialogues bouchés


-      
Photo de Philippe Marc
 - La première chose que je fais en revenant chez moi, c'est de lire les petits dialogues bouchés de Christine Jeanney sur son site tentatives. Je ne m'en lasse pas au point de m'y essayer à mon tour, mais bien sûr ils ne valent pas les vrais... C'est plus un clin d'oeil qu'un plagiat, mais on peut aussi parler d'hommage à Christine Jeanney, une auteure à part entière (et là, la deuxième voix dit: - Ah parce que vous en connaissez à demi-portion? - Oh, si vous saviez, pas seulement demi mais quart, huitième, seizième de portion... )

_ _ Pluvieux aujourd’hui…
- Plus vieux que qui ?
- z’êtes pas drôle…
- C’était pas le but : voulais juste savoir votre âge, maintenant…
- Maintenant ? Précisément ? à la minute près ?
- Oh là là, qu’est-ce-que vous êtes tatillon vous ! j’disais ça histoire de causer…
- Causer, causer, pfffffff…
-pffff ? Que pffff ? Vous manquez d’air avec tous ces « f »…
- … (dodelinant de la tête comme ces petits chiens-mascottes sur la plage arrière des voitures)
- En revanche vous dodelinez très bien de la tête, mais je vois que je dérange, alors je vais poursuivre mon chemin et pis vous, ben, vous n’avez qu’à trouver une chute…
- … (dodelinant de plus belle, l’air accablé)


Faux petit dialogue bouché (2)

-       _ C’est tellement facile
-       _ À qui le dites-vous !
-       _ À vous évidemment.
-       _ Mais je n’ai plagié personne, moi…
-       _ Vous, non, mais lui, si !
-       _ À qui le dites-vous !
-       _  Mais à vous !  z’allez pas recommencer ? Vous ramenez toujours tout à vous, vous !
-      _  Et vous, je crois que vous saisissez pas la nuance entre un point d’exclamation et un d’interrogation ? 
     Là, par exemple, ma voix monte, alors que lorsque je dis « à qui le dites-vous », elle monte pas, ma voix, elle acquiesce…
-      _ Acquiesce, donc vous êtes d’accord ? 
-       _ Oh que oui, moi aussi, il m’a plagié, vous savez ! Mais il a pris soin de faire précéder son, enfin mon texte, de « en hommage à », c’est tellement facile…
-       _ A qui le dites-vous !




samedi 18 mai 2013

festival



C’est sa victoire aujourd’hui. Il fallait bien qu’un festival lui soit consacré, à elle, la malaimée, la maltraitée, la réprouvée… et contre toute attente, et contre les favorites – la normande ou la bretonne pour n’en citer que deux - le lieu choisi pour la fêter est le pays du soleil et du mistral. Alors elle s’en donne à cœur joie, la pluie, elle festoie et verse ses libations en offrande à toutes les soifs. Pour en arriver là, elle a dû batailler, contre vents et marées. Primesautière, elle a vaincu sa timidité naturelle, s’affirmant, étincelant, insolente cavalière. Elle a d’abord commencé par lancer des traits brefs, classiques, intermittents et irréguliers. S’échauffant peu à peu, elle a gagné en ampleur, en durée, cependant sèche encore, oui sèche, comme une volée de bois vert. D’ailleurs les gens d’ici – d’ici les gens d’ailleurs - l’appellent la pluie verte. Ça lui convient bien. Ceux qui la voient transparente ou grise, se délectent à broyer du noir et à la dire ennuyeuse. Quand ils s’essaient à quelques comparaisons, du pipi de chat à vache qui pisse, c’est toujours pour la dégrader. Alors depuis quelques jours, elle joue le grand jeu. Adoptant toutes les positions, debout, oblique, horizontale, elle frappe de traits de plus en plus précis. Faisant fi de tous les obstacles – ridicules parapluies, para ? vaiment ?-  elle mouille, s’insinue, s’infiltre, traverse tous ces cœurs secs, imperméables. Quelques-uns l’aiment cependant. Et c’est pour ceux-là, qu’elle finit pas partir. Elle préfère être regrettée que lassante. De toute façon, elle n’attend pas de récompense car elle a déjà gagné. La nature est verte de plaisir.


Il pleut, il pleut, il pleut. Il paraît que nombre de premiers romans commencent par mentionner la pluie (l’écriture a une dette envers elle). Je ne la déteste pas au mois de mai, mais quand elle semble s’installer à demeure, je tique un peu. Dire que samedi dernier, c’était grand soleil et grand mistral, au quartier utopique de containers créé par Générik Vapeur pour La Folle histoire des arts de la rue, le dix-septième arrondissement. Dire aussi que toutes les photos (qui n’illustrent pas) ce billet ont été prises à Marseille, au J4, le 11 mai dernier. Et vous dire que comme par magie, il ne pleut plus…




mercredi 15 mai 2013

jeune homme à la jardinière



Le 8 mai, on a failli acquérir la petite commune de Lambesc. On n’a pas surenchéri aux enchères – la ville a été adjugée vendue à 580 millions d’euros tout de même - et l’affaire nous a échappé. Auparavant, on a visité tout le village en compagnie d’un agent de la société Luximmo et d’acheteurs  éventuels. Tête à claques s’est échappé bien avant. Il savait dès les premiers mots prononcés par le comédien comment le spectacle – enfin si on pouvait appeler ça un spectacle - se déroulerait. N’ayant donc rien à en attendre, il attendrait au bistrot puisqu’on tenait à voir jusqu’au bout ce qu’il aurait pu nous raconter.


Il s’agissait d’une déambulation théâtrale proposée par la compagnie Thé à la rue explorant le cynisme du tout à vendre,  y compris le bien public. C’était gentiment méchant et méchamment drôle : à la faveur des arrêts, d’autres comédiens intervenaient pour se plaindre qui du bruit, qui de la vie, qui du procédé de vendre le village et certains riverains (non comédiens), attirés par le bruit ou l’affluence – beau temps oblige, beaucoup de monde aux fenêtres - demandaient ce qui se passait. On ne savait plus qui jouait, qui se jouait de qui, qui jouait avec qui, et ça Tête-à-claques, ça lui aurait pas plu. On profitait du soleil de cette fin d’après-midi et on levait le nez vers les fenêtres. Une fillette lassée de faire des bulles observait la scène. Un jeune homme dans une jardinière…


Enfin, une compagnie de danse finlandaise, The Dance Theatre Minimi, a terminé cette journée de La Folle Histoire des arts de la rue. Ils dansent avec humour – oui on peut danser avec humour- les stéréotypes attachés à la Finlande et se transforment en bêtes à fourrure blanche, skieurs, père Noël… Tête-à-claques entre temps est revenu. Il assiste au spectacle parce qu’il en a marre d’être tout seul mais il trouve ça nul. Le spectacle est décalé, et Tête-à-claques n’aime que ce qui est calé, bien calé.



Tête-à-claques peut paraître antipathique. Il y a pire… Mesquine pinaille en permanence. Là elle dit que ce n’est pas du tout du reportage, ce que j’écris. D’ailleurs ça ressemble à rien : c’est ni du portrait, ni du… Je l’envoie attendre au bistrot du coin, le problème c’est que le dit bistrot se trouve au coin de mon crâne.


Toutes les photos ont été prises le 8 mai, à Lambesc, pour la Folle histoire des arts de la rue