Comment
que dire ? Dire alors qu’ils détruisent le dire même, le dit de la beauté,
la beauté… à coups de masse, ces hommes – ils portent encore ce nom – les appeler sous-hommes ou connards,
repousser cette tentation grande qui soulage à peine à un instant – ces hommes donc malgré que, qui entrent dans ce musée à Mossoul/ Ninive
pour saccager des sculptures de divinités humainement belles, je ne comprends
même pas ce qui les meut. Car détruire ce qu’il y a eu avant leur vérité, n’est-ce pas l’acte même d’accréditer que
quelque chose a eu lieu avant.
Quelque chose d’assez puissant, d’assez beau, d’assez dangereux pour être
détruit. Donc attirer l’attention sur cet acte ne fait que renforcer notre
incrédulité de spectateurs ? Détruire
l’humanité ou les anciennes divinités, ça se filme et se montre aux incrédules,
aux impies mais aussi aux croyants ? Or comment que croire après ça ?
Déesse de la pluie abattue
j’en appelle à toi pour t’abattre sur eux
pour te sentir toujours vivante et bienfaisante
plus que pour les mettre à terre
à toi aussi dieu de l’orage au corps de taureau
rends-les stériles, eux qui le sont déjà
de leur terreur atterrante
tout de même
choses qui affligent
Chose
qui attriste…
Comment
que dire aussi devant cette absence soudaine d’Anna ? Mauvaise surprise du
matin ! Après avoir lu la dédicace pour
Anna de Francis Royo à « La Source » :
à ce point
aveuglant de soif et de désir le jour amorce l’offrande d’une prière
saisie par l’urgence de la lire, de lire son Journal de l’aube, une fenêtre s’ouvre
pour me demander mon nom et mon mot de passe, quoi ?! Je ne passe
plus ? On m’interdit l’accès à la beauté de sa langue, à sa parole que je
fais si souvent mienne en lieu et place de mes babils-balbutiements. J’appelle
au secours l’ami Cosaque commun qui m’annonce que sans pouvoir m’informer de
tes raisons, tu arrêtes ton blog. Oui
à toi, déesse de la pluie des mots de Ninive et d’ailleurs, je peux m’adresser directement, car humaine tu
es, tu as des yeux pour lire et un corps pour écrire. Tu liras peut-être cette tentative maladroite
de te faire fléchir… Tu ne peux détruire ce que tu nous as fait partager. Tu es
un peu notre rêve de pierre, la
pierre en moins le désir en plus, alors s’il te plaît Anna, écris, écris-nous,
reviens-nous. Ou alors abats-toi sur la terre et noie nous.
Dernière chose qui afflige, d’une autre manière. Cette sotte
et ridicule histoire de robe qui court sur les réseaux sociaux. J’en sais
une bien plus belle, de robe. C’est une histoire que Martine Sonnet a raconté à
Christine Jeanney qui me l’a rapportée. C’est une robe qu’on revêt pour écrire.
Une robe qui change de couleur aussi selon ce qu’on écrit. Aujourd’hui nos
robes sont ternes. Comment que dire ?