samedi 23 janvier 2016

Comment dire le rose électrique du rose à rayures?

photo d'une photo (espace Pouillon), décembre 2015


Mais tu vas trop vite. Avant, juste avant, il y a eu : deux jeunes filles à un mètre l’une de l’autre observant les mains animées et bruyantes de l’une ou de l’autre. Pas une dispute mais le visage expressif de celle qui me fait face parle de quelque chose à laquelle je n’ai pas d’oreilles.

Peut-être du noir qui porte une musique rose à cravates ?

Au début, il y a eu le langage… dévalant les escaliers ces trois filles s’expliquant langage direct/indirect – ce que j’entends qui tend mon oreille à les suivre discrètement « par exemple Je te déclare mari et femme, s’il te dit ça, c’est que ça va se faire, c’est du langage direct… » - Flip flap – flip flap – flep – flep – flep (pas décroissant dans l’escalier).

Et le rose de la cravate, le même que celui du costume ? Non moins électrique et oblique –rose pâle oblique – oui c’est ça rayures roses sur fond blanc – rayures elles-mêmes striées de blanc étincelle

Froissement étoffes – couinent couinent les bottes aux semelle de crêpe – tapotement plus élastique – tap tap – tap tap – tap tap hauts talons féminins

Chapeau blanc soleil panama – tête baissée à lunettes silencieuses mains dans les poches

Violon voyageur à l’intérieur – images film de Walid Ghali – Sur la route de Djerba – bruit mat de la vague qui retombe – mais avant, avant… dehors – silence creusé immédiatement par l’avion – puis mouette – séquence ciel et paroles en l’air – ajout de rires aériens avant de retomber lourdement « Tu devais rigoler comme une folle je suppose – oh putain ! » Deux autres femmes en conversation – je les suis – s’interrompent – m’éloigne – reprennent « C’est lui qui n’a pas eu le courage de me dire » voix désillusionnée – roulement de la valise rose à roulettes sur le goudron gris

Nous y voilà, le rose

Espace Pouillon – violon voyageur – déclic et cliquettement de cette énigmatique lame métallique ondulante – bruit mat de la vague qui retombe


Lui enfin, ce noir chapeau blanc costume rose, cravate rose rayures blanches, lunettes noires, note élégante et tapageuse à la fois. Quel paysage sonore dans sa tête ? Tapage silencieux d’une image qui m’électrise.

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