Une journée
commence par un certain nombre de pas (à 8h30 ce matin – la journée s’annonçant
caniculaire - j’en avais déjà fait 7000)
quant aux ne pas, il s’en trouve
beaucoup plus à la même heure et au même âge.
Ainsi de cette
lettre de démission, que je ne
parviens pas à commencer. Quand je la
commencerai, elle risque de devenir un roman. Le risque en vaut-il la
chandelle ? Celle qu’on brûle par les deux bouts en attendant de manger
son pain. Il vaut mieux revenir aux pas.
Il faudrait écrire le livre des pas et des non pas. Compter les pas et les non
pas. Plutôt les conter que les décompter. les raconter . Chacun d’entre
eux. Entreprise quasi infaisable. Soupir sur trois pas. Plus long encore sur quatre.
Quand le soupir devient expiration cela me prend encore une bonne dizaine de
pas. Alors raconter chaque pas, le souffle de l’air frais du matin sur
l’avant-bras, le bavardage de l’oiseau sans nom, l’ébauche du début d’une
impression, la sensation du talon gauche qui attaque le chemin tandis que le
pied droit est en extension sur les orteils, la consistance des nuages qui
s’effilochent dans le bleu du ciel, l’odeur de curry de l’immortelle, le goût
du café dans la bouche, la gêne sur l’épaule gauche causée par la sangle de la
poche isotherme contenant la bouteille d’eau… tout cela se mélangeant dans un
seul pas. Tout cela ne parvenant même pas à la conscience. Dans le silence,
sauf la réponse de l’oiselle à l’oiseau, dans son corps, dans sa tête,
l’esquisse d’une pensée qui se forme ou plutôt d’un souci, d’un tracas, d’un
problème… et là gare au ressassement ! On marche en piétinant dans sa
tête. Il est nécessaire alors de se concentrer sur le corps, la respiration, la
nature. Ce n’est que vers le cinq millième pas qu’on commence à croire qu’on
écrit. On réfléchit à tous les non pas,
les non plus, les jamais encore ne, et on se promet de les écrire en rentrant.
D’en faire le compte. Écrire autant de non
pas qu’on a fait de pas. Le registre des pas et non pas. Et puis on rentre, on prend une douche, on commence à lire
Peter Handke Par les villages qu’on
va bientôt voir à Avignon. On ne s’arrête
pas. On n’écrit pas.
Ben si , tu écris , et c'est extra !
RépondreSupprimerFaible inspiration pour le commentaire ,non pas que je me prenne habituellement pour un pilier de la litterature , non pas que je craigne exagérement l'ETE , mais cette chaleur soudaine ankylose les pensées ! ... Non pas que ...
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