Pourquoi le besoin de m’adresser à toi comme si tu étais
encore vivant ? Est-ce pour faire durer l’illusion ? Pour ceux qui
restent ? (ta compagne – mon amie -, tes enfants – le meilleur ami de mon
fils et sa sœur qui aura vingt ans demain…) Ou pour moi ? Pour penser à
toi d’une autre façon ? Pour concevoir l’inconcevable. Pour essayer de
comprendre quelque chose à ce qui restera à jamais incompréhensible jusqu’à
notre tour. La question du pourquoi paraît dérisoire face à ça. Hier, je
chantais « aujourd’hui fête et demain le hasard » sans savoir que ça
tomberait sur toi… Hier j’écrivais un texte sur une maison sans savoir
que la tienne, la dernière s’appellerait tout simplement « la
Maison ».
Ton fils, me disait le soulagement - presque le bonheur – que tu aies vécu tes dernières semaines, tes
derniers jours dans ce lieu si différent de l’hôpital. Tandis que ton fils
préparait du thé, chez toi, je repensais au café que tu me préparais toujours
dans ces cafetières italiennes – tu en avais de toutes les tailles mais souvent
la plus petite suffisait à nos deux tasses – les autres préférant d’autres breuvages.
Le café que tu servais souvent dans des verres. Le thé de ton fils est délicieux. Mais ton café me manque, Lazhar. Ainsi que
ton sourire.
Un vrai sourire avec les yeux, deux beaux éventails à chaque
coin. Je ne venais jamais pour te voir, toi. Au mieux, je venais pour vous voir
tous les deux. Mais c’était plus avec toi que je discutais bouquins, philo, ou
musique. Ton sourire encore sur les photos – je m’entête à retrouver celle de
notre sortie rafting sur l’Ubaye – avec les enfants encore petits, à la mer
pour des pique-niques nocturnes, ou au lac d’Esparron. Pas de photos pour les
rires quand on jouait à la contrée au camping, les enfants ne dormaient pas de
toute façon. Nous les filles, faisions toujours semblant de ne plus savoir les
règles. Les images se succèdent, tu as
toujours le sourire. Ton sourire et l’été. Tu restes lié à cette saison. Le
sourire et l’insouciance de l’été. C’est l’été que je te voyais le plus. Je le
regrette maintenant, mais la dernière fois que je t’ai vu, c’était en août
dernier. Tu avais l’air si gai, si fort, je pensais que l’on aurait largement
le temps, large-ment. Que la maladie
te laisserait du temps. Que tu la désarmerais de ton sourire bienveillant. Que
tu lui offrirais un café et commencerais à discuter avec elle. Du coup elle
oublierait ce qu’elle était venue faire, mais non.
Triste mois de mai qui commence.
si navrée pour vous - parce qu'on le sent un peu cet inconnu dans cet hommage/souvenir et qu'on le regrette
RépondreSupprimerTouchant. Pensées douces chère Christine.
RépondreSupprimertouchée par ta tristesse, Christine
RépondreSupprimerTrès beau texte Mel, merveilleux hommage pour un qui s'en va.... encore....
RépondreSupprimerMais où Est-ce que tout le monde s'en va ?
Espère...
Lu...
Ette
oui, avec ces mots-là, le voyage tourne autour du coeur.
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