Marseille, gare Saint-Charles, le 23/07/15 |
Sur les lunettes
écrans – genre Ray-ban aviateur – d’une jeune passagère défile le paysage. Sur
les verres miroirs tournés vers la vitre, des diagonales de lumière et d’ombre
jouent un film parfois en couleur selon l’inclinaison de son visage. La route des
rails s’étire à l’infini vers un point de fuite que fuit le train lancé à
pleine vitesse.
Les verres
détournés de la vitre réfléchissent une route de traits discontinus de lumière
– néons du wagon – on se laisse aller à rêver la nuit en plein jour.
Ralentissement du train, visage de nouveau tourné vers la vitre, on reconnaît
la pointe d’un cyprès. Arrêt en gare, murs graffés/griffés/greffés – greffe de
la couleur sur le gris, émaillés de couleurs, terre de ciel. Le train repart.
Train movie confortable sur la crête des rails. Ses
verres reflètent un vert profond qui mord et entame l’argent du ciel en fusion.
Parfois le ciel chavire. Tunnel de presque noir strié des traits discontinus
des néons. Blanc éblouissant de la roche et rails argentés s’incurvant à
l’infini. Yeux fermés, autres images, autres écrans. Doubles se redoublant dans
un vertigineux télescopage de surfaces miroitantes. Passage d’images. Yeux
ouverts. Écrans lunettes. Lignes gris clair qui quadrillent sans danser le
paysage. Lignes de vitesse. Lignes de vie parallèles. Ne se rejoignant jamais.
Impression de ne
jamais arriver. Ça n’arriverait pas. Jamais. Mouvement pur. N’être que ça. Et
puis le bleu. La jeune fille a soulevé ses lunettes pour regarder la mer sans
écran.
Haïku du voleur de feu appelé Rimbaud
Elle est
retrouvée
Quoi ! Quoi
donc ? – l’Éternité !
C’est la mer
allée
Au-dessus du viaduc de Niolon, le 23/07/15 (de mon portable) |
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