image de l'une des filles du Réal, Delphine Eyraud (croit-elle) |
Avant qu'elle ne se mette
à hurler, un peu plus loin, l'arbre promet et promet encore - les arbres sont
toujours là - seront toujours là avant après la détresse - apporteront la
consolation - avant d'être assoiffée de
sens - une question qui ne devrait même plus se poser - être posée, peut-être,
à la rigueur par un enfant, lui on lui en voudra moins, on ne la trouvera pas
singulière sa question.
Les animaux, eux ne la posent pas, la question du sens, ils le suivent,
c'est tout. Il ne faudrait quand même pas y laisser des plumes dans cette
histoire !
Par conséquent ne pas mettre le crépuscule avant l'aube, la pluie avant
les nuages, l'éclat avant le soleil, la pierre avant le carreau cassé,
puisqu'on le sait, on est passé d'une rive à une autre, quand l'une et l'autre
ont parlé d'une même voix.
Ce ne sera pas beau comme on l'entend, ni rassurant comme on le voudrait,
ni esthétique comme il le faudrait, ça ne sera peut-être même pas une voix, cette
voix dans le virage, même pas ma volonté, même pas mon intention.
Pourtant ça s'invente, ça se décide,
ils disent ça comme ça.
Ça ne tombe pas du ciel - ça ne court pas dans la rivière mais ça
pourrait se désinventer dégringoler en quelque sorte
entre
pierre et eau
entre
hêtres et charmes
entre
trembles et chênes
on
dit peut-être trop bas maintenant
trop
silencieusement pour être entendu, peut-être tendu
Ça tombe de là-haut, martèle le toit en tôle, presque un jeu dans cette pluie de lumière
que les feuilles nous offrent.
C'est l'eau qui court qui donne une
leçon de choses, l'eau qui court qui reçoit et qui donne comme si elle rendait
l'expression très simple, très vive.
S'il y a une leçon, c'est
la certitude qu'ici ça vit. C'est entendu - c'est son rire - ça jubile
dans le cours - l'enfance .
Texte : Claude Camilleri, le 19 novembre 2016.
Merci encore Claude, pour la ballade et tes propositions si riches.
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