1. Listez tous ceux qui
comptent sur vos doigts, ceux pour lesquels vous souhaitez ce qu’il y a de
mieux pour eux, ceux auxquels vous allez vous adresser – l’adresse étant ce qui
compte le plus dans la carte de vœux…
2. Biffez dans cette liste
les post post-poste-modernes qui, au
mieux, souriraient, au pire, ricaneraient devant l’objet de cette pratique
obsolète et désuète (réservez leur un courriel collectif)
3. Écrivez court (masquez
votre graphomanie)
4. Trouvez la formule
(« petite forme ») en évitant la citation d’un autre que moi et en
particularisant le destinataire.
5. Brouillonnez,
brouillonnez, biffez autant que possible en particulier les adjectifs (voir
article n°3)
6. Trouvez un stylo qui ne
bave pas et recopiez en soignant la calligraphie sur une carte (de préférence
fabriquée par vous-même)
7. En dernier recours – si
les idées ne vous viennent pas – concentrez vos efforts sur la confection d’une
carte originale, puis recopiez-y ce texte.
8. Embrassez qui vous voudrez
(en plus du destinataire) autant que vous voudrez
9. Signez (pensez à garder de
la place)
10. Un Post Scriptum (P.S.) plus long que le texte lui-même peut être un
substitut original à toutes ces règles – par exemple écrire :
Très
bonne année 2017 !
P.S. pas dansé hier soir, pas
réveillonné, pas même rêvé. Soirée ni triste ni maussade ni gaie. Une coupe de
champagne et au lit avec 2666[1]. Ce
matin, en revanche, grande envie de voir se lever le soleil sur la mer. Vérifiant
l’heure de son lever, je me suis vite préparée, j’ai attrapé la laisse du chien
– Ulysse n’ayant jamais vu la mer – et suis partie vers la première plage de la
côte bleue.
Lambeaux encore gris du pas
encore jour. Nuages et autoroute déserte. Un flash m’a rappelé un peu tard de
réduire ma vitesse. Me suis dit que mon rendez-vous avec le soleil et la mer
pouvait bénéficier d’un petit retard. Sortie à Ensues-la-Redonne, plage du
Rouet.
Les grands arbres calcinés tragiques
m’ont fait douter un moment de mon choix. Mais non. En descendant jusqu’à la
mer, l’ombre semblait gagner en même temps que la beauté tragique de ces arbres
morts debout. Tout change au bord de la mer. D’abord la lumière, et quelque
chose de léger et de dansant. L’air bien sûr. Ulysse s’en donne à coeur joie.
Quelques mouettes. Je songe un instant à écrire in situ mais je préfère prendre des photos. Le soleil se lève bien
et colorie les façades sur la colline. Se diriger vers l’est, prendre la voie
privée « Chemin des eaux salées », noter mentalement (pour l’atelier
de F.Bon) les inscriptions « les Dauphins », « la Magali »,
Villa piégée, chien méchant, pas de pub svp, emprunter l’escalier escarpé de la
chapelle N-D du Rouet. Voir le soleil descendre de son nuage sur la mer.
Silence. Silence. Puis des voix, des jeunes qui ont eu la même idée que moi.
Photos. Partage avec proches plus ou moins loin.
Retour avec comme une envie
d’écrire. Écoute distraite de France Culture. Et puis de moins en moins
distraite. Émission sur la danse avec l’invité Daniel Sibony[2]. Il
dit : « Danser, c’est célébrer l’existence d’une issue, d’un
passage ». Je pense à Françoise et à D. Il dit encore que danser ou
chanter c’est « l’existence d’un passage possible, quitte à ce qu’on mette
du temps à le trouver. » À la maison, je commence à confectionner quelques
cartes de vœux, puis change d’avis, réécoute l’émission. Visionne surtout cette
vidéo « Naharin’s Virus » dansée par la troupe Batsheva. Envie de
danser ou d’écrire à ceux qui comptent…
Ce genre de PS est cependant
à déconseiller, bien trop éloigné de l’exercice considéré. Après tout, faites
comme vous le souhaitez… quant à moi je vous souhaite de danser, d’écrire, ou
de vivre 2017 comme… une page vide à couvrir de poèmes, comme dans « Paterson »
de Jim Jarmusch vu avant-hier. « Parfois, une page vide présente plus de
possibilités… »[3]
Photos prises ce matin à Carry-le-Rouet, collage confectionné hier...
viens d'abandonner au bout de vingt cinq cartes et de choisir cartes et enveloppes pour celles à faire, maintenant le déjeuner cuit
RépondreSupprimertoute mon admiration! mon bilan est plus modeste: une seule carte rédigée et mise sous enveloppe, m'en reste une quinzaine...
RépondreSupprimerMerci de cette pensée, que je médite... ne pas se laisser enfermer, par rien... Françoise
RépondreSupprimerTrès belle, ta carte, émouvant le post scriptum, on devrait s'en envoyer plus souvent, des PS...
RépondreSupprimerDelfina Bul...