Ce texte aurait pu entrer dans la série Conjuguer sa vie publiée sur le blog des Cosaques des frontières mais finalement non, je ne sais pas pourquoi...
Photo de Philippe MARC, Aix-en-Provence (Rencontres du 9e art, le 13/04/2014) |
Se lever avec un moi haïssable, un moi trop gros, qui vous
gêne aux entournures. Un moi contre lequel on se cogne d'emblée. Un moi qui
réclame sa dose qu'on n'a pas envie de lui accorder. Un moi qui ne se tait pas.
Un moi qui continue à s'agiter et tourner en rond dans votre ronde tête. On a
le tournis alors qu'on ne tourne pas. Alors... se recoucher.
Se pelotonner dans les nuages, reprendre le cours de son
rêve. Un rêve de nuit bleue sans étoile. Dans ce rêve très vieux, on retrouve
un âge d'or. Un ange dort. Un enfant qui nage au monde. Ce monde s'agite, fait
des vagues, rejette le génie précoce et solaire - on le maudit poète - alors il
demande à conduire le char du soleil. Se lever comme un astre avant le
désastre.
Se lever avec un moi haïssable, lui tordre le cou. Deux ou
trois spasmes plus tard, repartir de bon pied. Arpenter la belle journée.
Briller. Le monde tourne autour de nous, et alors? Il est beau parfois.
Encenser le monde, le voir briller. Mais le plus souvent... Un jeune père oublie de nourrir son fils de
deux ans parce qu'il joue à vivre sur d'autres mondes, des mondes plus beaux et
plus virtuels, où tout est possible. Où perdre une vie n'est pas grave. Ne pas
jeter la pierre au parricide. Phaëton aussi est mort. Après l'avoir encensé,
insenser le monde.
Se lever avec un moi haïssable de n'être pas le soleil. Ne
pas voir le monde tourner autour de soi et s'étonner de ne pas en souffrir.
Ah te revoilà jongleuse de mots et de chimères, où donc étais-tu partie .... s'ennuyait Esperluette au fin fond de sa campagne...mais ne hais pas ton moi, ne lui tords pas le cou, fais-t'en un ami, apprivoise-le !
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