Photo Philippe Marc, août 2014. |
Rentrer en soi pour en sortir, s'en sortir. Ou à contrecœur peut-être. Avec un soupir.
On rentre reposé, doré, nostalgique d'un temps qu'il faudra de nouveau
attendre, espérer, rêver. Fermer les yeux, les oreilles, les pores de la peau
après avoir bien nettoyé tout ça de vent, de pluie, de mer ou de soleil, de
tendresse. On rentre pour une énième rentrée (non, de grâce, ne demandez pas la
valeur de n - de haine - on n'a ni le
courage de compter, ni de haïr) où l'on va devoir encore se surpasser pour ne
pas être dépassé. Car on est prof. On
a l'habitude de faire des bilans sur ce que l'on a appris, compris, pris comme
bonheur comptant. L'été n'échappe pas à la règle. Pour ne rien oublier dans ses
valises, on fait des croix sur des listes. Des croix pour vérifier si on a bien
fait tout ce qu'on avait prévu de faire au début des grandes vacances. On ne
coche pas la case "écrire un roman". On a rêvé si souvent de rentrer
dans le monde littéraire mais comme on est consciencieux, on ne manque pas les
rentrées scolaires. En attendant, on fait la liste des petits bonheurs:
- la journée des papesses à Avignon (ces cinq papesses en
goguette, elles existent, on les racontera un jour) se terminant avec Fountainhead magistralement mise en scène
par Ivo Von Hove dans la cour du lycée Saint-Joseph et la vive discussion
papale qui s'ensuivit (accord, désaccords, mais pas d'excommunication).
- l'atelier d'été de François Bon dont on a lu passionnément
les propositions mais quant à les mettre en pratique... on demande des délais
supplémentaires...
- la deuxième journée à Avignon avec l'arpenteur de lumière
à la prison Sainte-Anne pour l'expo "La disparition des lucioles"
- le premier bain de mer de bonne heure à la plage des
Dauphins (souvenir ému salé loin de la
plage et de ces baigneurs plus tout jeunes se donnant la main et courant
derrière la monitrice d'aquagym en riant et s'éclaboussant)
- la lecture de Lettre
au Greco de Kazantzaki - livre trouvé dans la rue au milieu d'un amas hétéroclite
de romans policiers et de récits mystiques, autre petit bonheur de fouiller et
de trouver ce trésor qu'on voulait lire depuis longtemps - juste après une
lecture Charles Juliet qui ne manque jamais de le louer.
- les devoirs de vacances avec une jeune nièce devenant
grande, trois déesses se disputent en elle la pomme de Discorde, Aphrodite lui
promet de passer bientôt à la télé...
- la main d'une qui m'a rendu la vie chère, se détendant un
peu sous la pression de mes doigts qui la massent, le qi gong au petit matin
avec elle dans son jardin (qu'elle a arrosé après avoir balayé la terrasse
alors que dort tout le reste de la maisonnée)
- la lecture de De Luca Lespoissons ne ferment pas les yeux
- les vagues sur la plage de Carro qui font perdre
l'équilibre et retrouver l'enfance et le jeu.
- la lecture bouleversante de Le quatrième mur de Sorj Chalandon
[...] à suivre
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire