Rentrer vraiment demain. Faire des croix sur les plages de
liberté. Désormais notre temps sera employé comme il se doit, comme on l’attend
de nous, dans l’intérêt du service.
Petite panique qu’on fait semblant d’ignorer en nettoyant le cartable, en
triant les papiers, les livres.
Hier, on s’est octroyé une journée sauvage en Camargue avec l’arpenteur
des ombres. C’est le rituel du dernier jour des vacances avant d’affronter
l’autre sauvagerie. Là-bas, le paysage n’est
jamais le même. Hier, il tend à l’abstraction. De larges bandes blanches
alternent avec des stries bleues ou ocres plus ou moins étroites. On
expérimente aussi de nos pas différentes textures : de la terre craquelée
de la piste, au sel crissant sous nos pieds comme neige fraîche, jusqu’à la
vase noire dans laquelle s’enfonce une panique de sable mouvant. Les flamants
reculent insensiblement.
La tête en bas, les flamants font les autruches. On dirait qu’ils refusent
d’être photographiés. Quelques-uns passent en volant très près de nous. Rentrer
dans la voiture et reprendre la piste de moins en moins praticable. Les cahots
font partie du charme du voyage. Arriver ici se mérite. Pas de vent, pas de kite-surf
et un ciel trop bleu. Apercevoir les premiers campements –vieilles caravanes
bungalows précaires… Ensuite entrer dans la mer dans laquelle il faut marcher
longtemps avant de pouvoir nager (et encore dans le bassin des enfants). Pas grave.
On ne vient pas ici pour la natation. Supporter les attaques incessantes des
moucherons. Rentrer au coucher du soleil.
Revoir les flamants. Ne pas faire l’autruche. Rentrer demain
dans la normalité.
(De meilleures photos de l'arpenteur suivront, j'espère... mon appareil trimballé partout mériterait un bon nettoyage)
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