Soulages, "Peinture 181 X 244 cm, 25/02/2009", acrylique sur toile, musée des Beaux-Arts de Lyon |
Partons de cette idée folle d'ajuster, rendre juste, rendre l'empreinte à l'empreinte, le signe à la signature, l'objet aux mots. Quel objet ?
Quel mot ? Celui qui s'échappe comme anguille sous roche.
Langue rocheuse de la pierre qui tremble ou la roche de la langue qui tremble.
Arthur a dit « La circulation des sèves inouïes » et je retiens ou pas.
Pas revenir, pas retenir le pied sur la pierre qui tremble. Si ça circule, ça ne tremble pas .
Faire un pas , c'est aussi accepter de perdre l'équilibre, se rattraper par les muscles, par les tendons, par les os pour amorcer le deuxième pas.
On passe à la ligne et on écrit dans l'épaisseur du trait. On se rattrape à je ne sais quoi.
Dans le ventre du texte, le « on » crève comme une bulle, persiste pourtant dans le silence, l'abandon et l'indifférence.
Là, le banc. Là, le fruit vert. Là, les toits et la fenêtre qui bat. C'est mieux, mais c'est court. Alors ?
On revient près du banc, on abandonne le fruit vert, on marche sur le toit, on dérape, on se rattrape et on écoute le battement de la fenêtre entre le dedans et le dehors.
Les mots ne disent rien, n'attendent rien, ne proposent rien sans la distance qui les séparent. C'est l'entre-deux, la scène béante où ils viennent se cogner, électrons libres épars.
Texte: Claude Camilleri-Salaün
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