C’est sa victoire aujourd’hui. Il fallait bien qu’un festival
lui soit consacré, à elle, la malaimée, la maltraitée, la réprouvée… et contre
toute attente, et contre les favorites – la normande ou la bretonne pour n’en
citer que deux - le lieu choisi pour la fêter est le pays du soleil et du
mistral. Alors elle s’en donne à cœur joie, la pluie, elle festoie et verse ses
libations en offrande à toutes les soifs. Pour en arriver là, elle a dû
batailler, contre vents et marées. Primesautière, elle a vaincu sa timidité
naturelle, s’affirmant, étincelant, insolente cavalière. Elle a d’abord
commencé par lancer des traits brefs, classiques, intermittents et irréguliers.
S’échauffant peu à peu, elle a gagné en ampleur, en durée, cependant sèche
encore, oui sèche, comme une volée de bois vert. D’ailleurs les gens d’ici –
d’ici les gens d’ailleurs - l’appellent la pluie verte. Ça lui convient bien.
Ceux qui la voient transparente ou grise, se délectent à broyer du noir et à la
dire ennuyeuse. Quand ils s’essaient à quelques comparaisons, du pipi de chat à
vache qui pisse, c’est toujours pour la dégrader. Alors depuis quelques jours,
elle joue le grand jeu. Adoptant toutes les positions, debout, oblique,
horizontale, elle frappe de traits de plus en plus précis. Faisant fi de tous
les obstacles – ridicules parapluies,
para ? vaiment ?- elle mouille, s’insinue, s’infiltre, traverse
tous ces cœurs secs, imperméables. Quelques-uns l’aiment cependant. Et c’est
pour ceux-là, qu’elle finit pas partir. Elle préfère être regrettée que
lassante. De toute façon, elle n’attend pas de récompense car elle a déjà
gagné. La nature est verte de plaisir.
Il pleut, il pleut, il
pleut. Il paraît que nombre de premiers romans commencent par mentionner la
pluie (l’écriture a une dette envers elle). Je ne la déteste pas au mois de
mai, mais quand elle semble s’installer à demeure, je tique un peu. Dire que
samedi dernier, c’était grand soleil et grand mistral, au quartier utopique de
containers créé par Générik Vapeur pour La Folle histoire des arts de la rue, le dix-septième arrondissement. Dire aussi
que toutes les photos (qui n’illustrent pas) ce billet ont été prises à Marseille, au J4, le 11 mai dernier. Et vous dire que comme par magie, il ne pleut plus…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire