lundi 22 août 2016

Ventriloquie




           Aujourd’hui, j’ai voulu voir ce que j’avais dans le ventre. La peur au ventre, je l’ai ouvert et j’en ai sorti la peur en sueur et en sang. C’était une vieille peur au teint verdâtre, encore vigoureuse malgré les chairs flasques, avec encore quelques dents gâtées à l’odeur putride. Hideuse ! Je l’ai bien regardée en face. Elle m’a dit : Et maintenant ?


            J’ai refermé mon ventre avec du ruban adhésif extrafort. La peur m’a demandé de la nettoyer avec de l’eau de source. J’ai dit : Et puis quoi encore ? Je lui ai donné de l’eau du robinet. Une fois propre, la peur m’a demandé du maquillage. Et puis quoi encore ? Allez, casse-toi, dégage, sors de là ! je lui ai crié. La peur s’est mise à minauder devant le miroir de l’entrée, en se mettant de profil d’un côté, de l’autre, elle a dit : Tu trouves pas que j’ai du ventre ? J’ai dit : Si ! Et puis tu pues ! Alors avec un couteau, je lui ai ouvert le ventre. Une toute petite peur en sang et en larmes en est sortie. La vieille peur agonise sous nos yeux. La petite peur me sourit. Elle n’a pas l’air bien méchante. Elle joue sur mon ventre scotché.



2 commentaires:

  1. voici de nouveaux mots que n'avais pas vus...ma passivité me fait peur...pardon

    RépondreSupprimer
  2. Belle description tout a fait concrete ,,,, envie de descotcher pour la sortir petite ou grande et de la jeter au loin ds un endroit laid (la peur , pas la description )
    D3

    RépondreSupprimer