Ce
matin les mots sont revenus. Quelques mots. Seulement les mots. Le jour encore
chiffonné, concentrée sur la route, j’essayais de les retenir. Jeux d’enfants.
File indienne, plusieurs lignes, un deux trois soleil, me retourne, les mots se
figent. Ça recommence. Lassitude. Je les chasse. Ouste les mots, allez jouer
ailleurs !
Moins
de danger sur la route. Les yeux cherchent sur les côtés. Quoi ?
Qui ? Aux abords de la zone commerciale, après le nouveau pont de la
Durance, quelque chose me dérange. Il manque quelque chose. Ou quelqu’un.
Quelqu’un n’est pas là. Quelqu’un dont je ne connais que le dos – voûté - et
les mains au bas du dos. Vêtu d’un gilet jaune fluo, il marche sur le bas-côté
entre sept heures et quart et sept heures et demie par tous les temps, un
bonnet vissé sur la tête. Il vient du pont – le chantier démarre plus tard –
aucune habitation par là – et il marche, penché vers le sol, d’un bon pas de
vieil homme – ça se voit. Petite silhouette obstinée levée trop tôt avant
d’embaucher. N’ai jamais vu son visage. De le voir chaque matin – même de
dos- me rassure, ne sais pourquoi. Mais
ce matin, il n’est pas là. Me rends compte que les jours d’avant il n’y était
pas non plus. Préoccupée par des peccadilles, je ne m’en suis pas aperçue. Ou ne
l’ai pas vu. Peu probable cependant. Inquiétude. Une inquiétude succède à une
autre – mais la première est vitale.
Les petits
mots reviennent faire la ronde autour du dernier, un peu trop grand, un peu
décalé. Le dos de l’homme qui marche au petit matin me manque. Demain
peut-être…
Moi aussi me manque le dos du viel homme ,et tout le reste aussi ,,,, l'écrit du jour m'a fait du bien , comme un "hasard " heureux ,pour une sorte d'ode d'amour ( via le manque), a mon vieil homme de père ,dont j'ai suivi le cercueil ,Samedi , Mais peut-etre ,Mel , le dos du vieil homme de Provence ,réapparaitra-il ,,,,,,,bientot !
RépondreSupprimerOui, ce dos, ce vieil homme, on s'invente parfois des rendez-vous, on croise les autres sur le chemin, mais ils l'ignorent. Points de repères, jalons de nos vies,rituels peut-être qui nous font oublier que trop souvent nos deux jambes, libres, se transforment en 4 roues, pas libres du tout.
RépondreSupprimerEsperluette
Imaginons qu'il fait le dos rond.
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