dimanche 3 février 2013

vent mauvais




Qui souffle la colère ? Le vent ? Ou cet adolescent en détestation de l’humanité tout entière que je n’arrive pas à me sortir de la tête ? Peut-être cet adulte qui refuse de mourir à soi-même ? Son moi constrictor ? Qui ne s’apaise ? Que ne m’apaise ?
Lire alors. Ne pas s’apaiser néanmoins. Ni la colère dehors, ni le vent de colère dedans. Colère n’est pas indignation. On préfèrerait. Pour le sens. Ici, le vent souffle dans tous les sens. Plus tôt, plus au nord, il y eu vent déchaîné, au cœur de la nuit où elle était animal tremblant. On le sait elle nous l’a dit même si maintenant ça s’est un peu calmé. Le vent creuse, vide le ventre. Qu’on emplit alors n’importe comment avec n’importe quoi. Extra cookies avec de gros chucks de chocolat. Délice fugace. Gavage creuse notre faim. Mais quand le repas est fini, la faim reste. Manque toujours là. Colère tapie, prête à bondir, à griffer, à écorcher encore, à faire mal.

Plus tard, ça se calme un peu. Et la faim, et la colère. On a fait appel à la volonté casquée comme Minerve, avec la lance et le bouclier. On a lu, surtout. Surtout ceci « Je vais m’être agréable[1] » et cela plus tôt : « Ce besoin d’écrire, c’est à mon sens et pour une grande part, le besoin de jouir de soi. Et comment mieux jouir de soi que de s’enfouir au plus opaque de son intériorité en vue de donner forme et existence à ce qu’on y rencontre ?[2] » On s’emporte alors, autrement. On s’en porte mieux, probablement. On s’autorise à s’emporter. On s’emporte.

                                                                                                                     (03/02/2013)





[2] Charles Juliet, Accueils – Journal IV – 1982-1988, éd. P.O.L, 2011.

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