Photo prise le 14/06/2013 au large du Lavandou |
Cette semaine, j'ai fait travailler L. sur l’une des pensées
de Pascal, Qu’est-ce qu’un homme, dans
l’infini ? et A. sur l’incontournable nègre de Surinam « C’est à
ce prix que vous mangez du sucre en Europe ». A. n’a plus peur de Voltaire et consomme beaucoup
d’aliments sucrés. L., qui a remplacé le sucre par les amandes, s’est entraînée
à l’oral sur la notion de « philosophe » selon Dumarsais. Notre philosophe ne se croit pas en exil
dans ce monde ; il ne croit point être en pays ennemi ; il veut jouir
en sage économe des biens que la nature lui offre ; il veut trouver du
plaisir avec les autres… J’ai du plaisir à aider ces deux élèves à préparer
leur oral. Ils m’aident à ne pas devenir Rousseau ( L’homme n’est point un monstre qui ne doive vivre que dans les abîmes
de la mer ou dans le fond d’une forêt…) J’ai écouté la parole d’Olivier Py,
adaptant Les Sept contre Thèbes
d’Eschyle à la Voûte Chabaud ; tragique et accessible, Mireille
Herbstmeyer en porte-parole des
femmes ; émouvant et vraisemblable, Frédéric Giroutru en Étéocle (en
accointance avec Antigone, avais tendance à préférer Polynice…)
"Les Sept contre Thèbes", voûte Chabaud, Venelles, le 12/06/2013 |
Hier enfin,
j’ai accompagné la sortie des 6e3, qui ont gagné le premier prix au
concours de poésie de l’encre bleue à Cavalaire. Le prix pour toute la
classe : la traversée vers Port-Cros. Ce fut une merveilleuse journée (le billet est déjà trop long, je la garde pour moi),
j’étais heureuse de les retrouver (fin mars, nous nous étions quittés sur
l’écriture collective du poème) : l’un d’entre eux m’a demandé de créer un
club poésie, l’an prochain au collège,
pour écrire plein de poèmes et partir de
nouveau sur l’île… Voici leur poème :
Je t’ai vue
J’ai vu
pendant ma promenade
Tout ce dont
je rêvais hier
J’ai vu le
soleil se lever sur Sainte-Victoire
Et Cézanne
marcher avec son chevalet
Au
printemps, j’ai entendu la nature murmurer de jolis mots
À la mer
j’ai senti le vent sur ma peau
À Lourmarin,
j’ai vu le thym se marier au romarin
À Cadenet,
j’ai entendu rouler les galets dans la Durance
À La
Loubière, j’ai senti l’odeur de la terre dans les chemins.
Au Rove,
j’ai vu une petite chèvre et je l’ai caressée
Au Luberon,
j’ai entendu le bruissement de l’herbe qui pousse
À
Carry-le-Rouet, j’ai senti l’eau m’éclabousser
Ma peau
ensuite avait un goût salé
À Valensole,
j’ai vu des abeilles butiner la lavande
J’ai entendu
le chant des cigales qui berçait ma petite sœur
J’ai senti
la caresse du soleil
À Ansouis,
j’ai vu les amandiers cachant leurs fruits précieux
Non loin de
Cavalaire – l’air cavale - j’ai entendu
le mistral siffler
À Martigues,
j’ai senti les herbes griller sur les sardines
J’ai savouré
les calissons et la belle vie
Entre mer et
montagne, je t’ai vue t’étendre de tout ton long
Prendre un
bain de soleil pendant que je me lavais
Au savon de
Marseille
À Pertuis
j’ai vu le Garlaban avec les yeux de Marcel
Et Pagnol en
grosses lettres sur la porte de mon collège
À Banon,
j’ai entendu « Tu tires ou tu pointes ? »
Et les
glaçons danser dans le pastis
Parfois je
ferme les yeux pour mieux te voir, t’entendre et te sentir
Tu fais
partie de moi comme je fais partie de toi,
Provence, ô
ma Provence.
la première méduse de l'année, plage de la Palud, Port-Cros, le 14/06/2013 |
beau le billet - et puis un sourire pour moi Port-Cros, les îles d'or... si si longtemps, qu'un peu préservés soient.
RépondreSupprimeret tous les noms qui chantent dans leur poème
merci Brigitte, les îles toujours aussi belles, et merci pour les élèves aussi et leur poème... j'ai eu la chance d'avoir des classes très agréables cette année...
SupprimerD3 Toute l'admiration d'une grande amatrice de poésie ,pour le tres beau poème des grands mini-poètes ,,,,,,,,,,,,,,,,,,,,
RépondreSupprimerOui , il faut une suite ,,,,,,,,,,
Cela fait du bien de voir que les élèves sont encore poètes envers et contre tout, j'ai aimé le poème des 6èmes et bravo à leur professeur de français qui leur a donné le goût des mots... Et bises à toi, je ne suis pas loin...
RépondreSupprimerEsperluette
Aux dernières nouvelles, les mini poètes ont rendu leurs livres et quant à la suite, peu de chances d'avoir de nouveau une telle classe... Esperluette, quand tu dis que tu n'es pas loin, ce n'est pas géographiquement, non?
SupprimerNon évidemment, pas encore, je suis très proche mais avec le cœur tu sais bien ! Proximité cardiaque donc pour la géographique il faut que tu attendes encore deux petits mois !
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