jeudi 18 avril 2019

éloge des toilettes anglaises

           
Photo Corinne Leroux, Londres, avril 2019


           Comparaison n’est pas raison mais tout de même, les Anglais doivent être bien embarrassés quand ils cherchent 1) des toilettes en France 2) dignes de ce nom quand ils en trouvent. Ce problème n’existe pas en Grande-Bretagne, elles sont nombreuses, propres, gratuites et agréables, bref de véritables lieux d’aisance – je ne parle évidemment pas des toilettes vestimentaires. Virginia Woolf dont je lis chaque matin le Journal(grâce à mon amie A.) parle des deux et je ne peux m’empêcher de transcrire ici un très court extrait, situé après un séjour à Monk’s House où les Woolf ont pu effectuer quelques travaux grâce au succès et revenus de Mrs Dalloway.  

L’eau est vite chaude à la salle de bains ; celle de la chasse jaillit et tourbillonne dans les W.-C. (mais pas tout à fait assez).[1]

            En effet, tous les lieux publics contiennent des W.-C. à l’eau aussi jaillissante et tourbillonnante que ceux des Woolf. De plus, leur signalétique est toujours claire et flagrante. S’il ne fallait se contenter que d’un seul exemple, il suffirait de prendre celui des gares. Comparaison n’est pas raison – je l’ai déjà dit, je sais – mais par exemple, chercher et trouver les toilettes à la Gare du Nord avant d’embarquer dans l’Eurostar nous a bien pris un quart d’heure sans compter celui  faire la queue devant les quatre malheureuses cabines  auxquelles on accède moyennant finance et ticket d’entrée – je ne parle même pas de la femme Cerbère s’en prenant à une jeune touriste anglaise ayant eu le tort de ne pas comprendre le système français ! Où sont les dames-pipi d’antan ? À la gare de St-Pancras, nous avons trouvé immédiatement les cinquante toilettes sagement alignées et sages et étincelantes aux chasses d’eau jaillissante et tourbillonnante…



            De plus, ces lieux sont d’aisanceaussi bien pour les yeux et le nez que pour les fondements posés sur des lunettes toujours impeccables. malheureusement, nous n’avons pas eu l’idée de toutes les photographier. Alors citons Redemption, le tout petit restaurant vegan (bohème chic c’est certain) à Neal’s Yard, qui offre trois thématiques différentes dans chacune de ces cabines : papillons et oiseaux exotiques, poissons tout aussi exotiques (celle que j’ai choisie) ou jungle. Impossible de ne pas évoquer celles du Woolf and Whistle, au 52 Tavistock Square où Virginia a guidé nos pas (et ne ricanez pas quand on vous assure que nous n’avions nulle intention d’y aller pour notre dernier dîner à Londres, les fantômes existent bel et bien) où là encore, aller au petit coin vaut le détour… même si vous n’avez pas encore bu votre cocktail Virginia Woolf.


Texte: Christine Zottele
Photos: Corinne Leroux (merci!)


[1]Virginia Woolf, Mercredi 9 juin 1926,Journal intégral – 1915-1941, Stockp. 639.