lundi 28 mars 2016

Entre deux nuits / 2

photo Philippe Marc


Lui, je l’ai rencontré entre deux nuits, la première et la deuxième, plus exactement à la fin du jour de la deuxième nuit – les grands disent entre chien et loup – pas compris pourquoi… peut-être parce qu’ils ne savent plus qui apprivoiser à ce moment-là. La nuit, on dit que les chats sont gris et les souris, elles dansent le tango, go-go ? Moi, je pense pas qu’elles dansent le tango, je crois que c’est le menuet des trotte-menu. Où est mon œuf ? (l’œuf est important dans mon histoire avec lui et ce moment espacieux entre chien et loup aussi – un moment esblouissant et especial aussi, si-si). Je disais quoi ? Ah oui l’œuf ! Ils disent que je perds souvent le fil – Solaria a encore perdu le fil – mais ils ne disent pas le fil de quoi – coua-coua, ni de quelle couleur. Du moment que je ne perds pas l’œuf ou que je ne le casse pas, tout va bien. Mon œuf est carmin et russe – comme moi – sauf que moi je suis plus russe que carmin, main- main.

Lui, l’écrivain, il dit qu’il s’appelle Poucet-Poucet mais je crois qu’il s’appelle Aimé Brouillard. Il pense que je lui raconte des histoires. Lui, il en écrit, cri-cri. Quand je l’ai rencontré entre la première et la deuxième nuit, j’étais espécialement triste car j’avais appris la mort (C’est comme la vie mais en plus immobile et plus sérieux – un chien mort ça joue plus avec vous –vou-vou) et je trouvais pas ça drôle du tout –toutou.


dimanche 27 mars 2016

entre deux nuits / 1

Le Val (avec mon portable)



Elle apparaît à la fenêtre comme un printemps dans une tasse à café. Ruminant un bon tour, ou plutôt l’amorce d’un bon tour, elle se penche et roule sur la pelouse. Une robe verte avec des jambes roule dans le vert de l’herbe toute neuve. Elle respire à fond l’odeur verte. Elle se targue d’habiter le papier espacieux (elle sait que le mot n’existe pas pour les grands mais elle l’aime ainsi –plus grand et plus vert).


Elle se relève maintenant, marche en longeant le chemin de fer. Sa main serre l’œuf carmin qui ne doit pas se briser, pas se briser, zé-zé, se répète-t-elle en boucle. En retard, elle est, comme le lapin blanc d’Alice. Elle ne tergiverse pas, elle court maintenant.

Devant la porte de la cabane du vieil écrivain, elle sa belle robe verte, secoue l’herbe dans ses cheveux. La porte s’ouvre sur le sourire de l’homme aux doigts d’encre.
- Tu es en retard, Solaria Djilyaria. Mais tu as l’œuf carmin. C’est déjà ça. Entre.


Dimanche dernier, je me trouvais à Saint-maximin, chez Socrate et Platon, et celle qui les nourrit, Danielle. C'était le printemps de l'écriture. J'ai commencé un petit quelque chose. Deux personnages sont nés.

lundi 7 mars 2016

L'heure heureuse de Zakane

(dette à Zakane)
Pas de « i » mais deux points communs cependant. Deux lettres plus précisément. Une qui déteste les raccourcis, bifurque brutalement, revient deux ou trois pas plus bas, bifurque de nouveau, avance vers la première de l’alphabet pour vous. La dernière est notre première et celle du zèbre (drôle il va de nous). Quant au « a » je vous laisse la parole et l’accent…

« à et à

à boire à la source
à dérober les fuites
à écrire les cages
à scier les barreaux
à décoller le jour
à parfaire la nuit
à jeter les secondes
à détailler les heures
et à défaire l'ennui
à faire sourire aussi
bien au dessus du bruit »

                                         Extrait de: Zakane. « L'heure heureuse. » iBooks.


dimanche 6 mars 2016

365 jours de la vie d’une fée désenchantée / 8-10

La fée baigne en son jus noir, se noie, se repêche



12/11 : peut-être
11/11 : armistice
10/11 : maintenant
9/11 : comme hier
8/11 : ou jamais
7/11 : ça rime
6/11 : pas



365 jours de la vie d’une fée désenchantée /9

5/11 : 56 ans croit-elle aujourd’hui et d’additionner, 5 et 6= 11, le compte y est.
4/11 : demain un autre anniversaire
3/11 : ailleurs
2/11 : quand nous ne serons plus morts – il faudra vaincre le silence (atelier expérimental/pièce collective)
1/11 : le jour des morts n’est pas assez long pour fêter tous les siens la nuit c’est plus gai
31/10 : un recueil se prépare, un cosaque y veille
30/10 : photos à Marignane



365 jours de la vie d’une fée désenchantée /10

29/10 : ici
28/10 : et
27/10 : là
26/10 : triste retour à l’est du sud, avec des noix et des souvenirs.
25/10 : cueillette abondante de noix, rires et balades
24/10 : arrivée des Normands, atelier d’écriture sur le sentier botanique

23/10 : se déplace vers « la manivelle » à Limogne en Quercy : anniversaire d’al1

toutes les images sont de Philippe Marc